Sylvain Subervie
Ce qui interpelle au premier abord, ce sont les yeux bleus, durs et rieurs, pétillants du moment présent et emplis de douleurs du passé. |
Regard résolument tourné vers l’avenir, Sylvain SUBERVIE affiche une sérénité puissante « une journée sans émotion est une journée stérile » dit il. De cet homme se dégage générosité, passion et un besoin permanent de vérité.
Madagascar, son lieu de parole depuis 14 ans, lui offre cette vérité, celle que peu souhaitent regarder, celle qui dérange au plus profond de soi, celle qui met à nu.
De cela, il en tire un message de force que l’on ressent
immédiatement dans son travail. Pas de fioriture, les œuvres sont bien campées comme enterrées dans le sol par des racines, pièces qu’il souhaite inébranlables, les courbes sont pures et tendues, la simplicité de la symétrie prédomine.Il tire son style de vagues d’émotions qui le bouleversent et le traversent, pas de cahiers de dessins, ni travail de recherche, une attente sans limite, pour enfin le dessin achevé, sans aucune concession, aucune rectification, mais une affirmation.
Authentique et observateur il aime l’espace, l’étendue infinie, la puissance phénoménale de la nature, les animaux sauvages l’impressionnent, « la vérité de la vie est là….nous sommes des pantins ». La matière choisie est toujours proche de lui, elle vient à lui, il ne recherche rien. Elle doit être prête à souffrir. Sa résistance ne fera que l’encourager à la torturer, elle ne résistera pas et tout doucement, très doucement, elle acceptera comprenant que « de la douleur engendre la beauté…».
Il ne mesure son talent que dans le regard des autres. Ce qui peut à la rigueur le séduire dans sa propre œuvre, c’est le travail qu’elle représente, les milliers d’heures de labeur pour l’exécution de ces pièces entièrement façonnées à la main, le fer brûlant qui ne pardonne rien, aucune tricherie ni artifice, et sa plus grande fierté, l’osmose troublante avec son équipe, que l’on capte en visitant son atelier.
Son œuvre est un combat, les lances et pics de certaines pièces sont présents pour rappeler à l’ordre ; le guerrier défendra son carré.
Le défi est présent en permanence : œuvres monumentales, ateliers, constructions de ses maisons…. Et son dernier projet : une île déserte à transformer en havre de paix.
Son plus grand soucis est le temps : « il me reste trop peu de temps pour en perdre ». Suivant ce concept, il n’attend pas, il entreprend et réalise « égoïstement » pour partager. « Rien ne naît de rien, il faut donc faire…. ».
La rencontre avec l’Homme peut troubler s’il détecte une souffrance. Son instinct le guide. Il sait. Il sait que de ce moment rare viendra l’émotion créatrice.